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48 HOURS ALIVE : Paris, 2021.


Ça fait longtemps. Longtemps qu’on n’est pas parti tous ensemble en vacances. Je crois que je ne faisais même pas de photos à ce moment-là. Je devais être à peine majeur. Les choses évoluent, on devient grand, on se responsabilise, du moins on essaie. Mais, c’est comme ça. Un boulot. Une passion. Enchainer plusieurs combines pour faire des thunes et continuer sa passion. Pas facile de trouver du temps pour partir en famille, mais c’est comme ça.

Puis finalement on trouve. C’était le 31 octobre dernier. 2 jours, 48 heures en plein Paris à arpenter les rues avec ma mère, mon père, et ma soeur. À peine le temps de souffler du travail de la veille que je me retrouve à Gare de Lyon. Moi, mes boots, mon cargo noir plus très noir et mon appareil photo en bandoulière.

Mon appareil photo, c’est de lui dont je vais vous parler. Mon camarade, cette drogue. Cette drogue qui me rassure quand elle est autour de mon cou.

Cette drogue ? Je ne crois pas si bien dire. À Paris c’est déjà la fin de journée et ma seule pellicule est bientôt finie. C’est particulier comme moment, je retrouve ma famille mais à cet instant précis je me sens déjà obligé de la quitter. Obligé de la quitter pour en retrouver. En retrouver vite, car demain c’est dimanche. SMS envoyé, Geoffrey m’indique où trouver les moins chères. Passage à Nation photo: « 2 Fomapan 400 s’il vous plaît ».

Ouvrir son boitier, mettre une pellicule, entendre le « clac » de l’armement, être prêt à photographier. Quel shoot d’adrénaline n’empêche.

Je crois que je peux pas m’en passer. Observer la vie sans lui me frustre, terriblement. J’ai besoin, besoin de capturer chaque instant qui me rend sensible. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je passe mon temps à me le demander. Je crois qu’au fond je le sais mais j’ai peur de l’admettre. Je crois que j’ai peur, peur de ce temps qui défile. J’ai peur d’oublier, peur d’oublier mes souvenirs. Ceux dont vous faites parti, ceux qui font de moi qui je suis.

Alors dans l’urgence je photographie, je photographie pour me souvenir. Dans l’urgence j’arpente cette ville, sans attaches, rythmé par sa routine quotidienne et son tourisme exaltant. J’observe ce ballet humain, cette géographie humaine qui se donne en spectacle à son insu. Dans l’urgence j’essaye de choisir ma vie, ce n’est pas facile quand tu passes ton temps à l’observer.

Choisir une ville où s’installer, choisir un boulot. Choisir d’avoir du temps ou choisir d’avoir de l’argent. Choisir une vie quoi. Choisir de se perdre, choisir de se trouver, ou choisir de se perdre pour mieux se retrouver. Pas facile comme schéma hein ?

Moi je crois que j’ai enfin choisi. Je choisis la rue. C’était la rue pour me perdre au début. La rue pour observer le soleil qui se couche à Pont-Neuf en compagnie de tous ces amoureux alors que je suis seul. La rue pour observer la vie des autres et oublier la mienne quoi. Mais maintenant je comprends:

Capturer la vie des autres est là où la mienne commence.


48 HOURS ALIVE c’est explorer une ville, explorer ses rues, explorer ses occupants et leurs histoires. 48 HOURS ALIVE c’est être curieux, c’est découvrir, c’est comprendre les enjeux du territoire sur lequel on se trouve.

48 HOURS ALIVE ce n’est que le début d’une longue série. 48 HOURS ALIVE c’est et ce sera de la street photographie.


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